Fun
Fun, littéralement en anglais : amusement, gaieté. Avec un tel nom, les architectes Michel Joubert et Bernard Nivelt ont très vite dévoilé leur intention dès 1981 : concevoir un nouveau monotype où le plaisir et les sensations sont au rendez-vous. Pari réussi, à un détail près : le joujou en question est un fin régatier qui nécessite un minimum d’expérience. C’est la raison de son déclin en France à la fin des années 80. Suite au divorce avec Jeanneau et le CN Angloises en 1993, le Fun s’est exporté en Italie où il est toujours construit par le chantier transalpin Lillia, réputé dans le monde entier pour sa fabrication des Start. Suffisamment technique (gréement fractionné, bastaques) pour pimenter la régate, le Fun est très vif et se laisse barrer avec beaucoup de bonheur. Cabine pas très fun mais efficace : quatre couchettes et un mini-bloc cuisine forment un ensemble des plus dépouillés qui servira néanmoins à l’équipage une nuit entre deux régates. Le Fun est l’un des voiliers habitables les plus complexes dans la diversité de ses réglages de voile et du gréement dormant. Pensé pour un groupe de quatre personnes, chacun trouve un poste à bord (peu de place pour la croisière). Les subtilités et les combinaisons de réglages ne manquent pas, ce qui en fait un sujet ouvert à toutes les conditions de vent. Conçu plutôt pour les équipages déjà expérimentés, ce bateau fournit des sensations de glisse et de vitesse comparables à celles de la voile légère.
Gib’ Sea 242
En 1977, Gibert Marine commande aux architectes parisiens du groupe Graal un nouveau bateau. Gérard Dolto et Patrick Dubois qui viennent de signer le Daydream 300 relève le défi. Leur collaboration donne naissance au Gib’Sea 242. Cinq ans plus tard, ils seront également à l’origine du Royale, un catamaran qui bat le record de la traversée de l’Atlantique en 1984 et remporte, la même année, la course Québec-Saint-Malo. Le Gib’Sea 242 est un voilier transportable avec une belle cabine de douche à l’arrière, un cabinet de toilette avec penderie, une table à carte, une cuisine avec réchaud à deux feux et deux couchages (l’un dans la pointe avant, l’autre en cabine à l’arrière). Esthétiquement discutable, le 242 de chez Gib’Sea sait surprendre son monde par des performances inattendues. Peu visible sur les plans d’eau (pour preuve : 248 exemplaires construits en 1993), le voilier possède une silhouette imposante qui gène la fluidité générale des lignes et du mouvement sur l’eau. Transportable malgré ses 7,05 mètres, il a le grand avantage de s’échouer à plat, ce qui permet d’accéder à l’inaccessible : les petites criques et autres rivages rocheux.
Corvette
La corvette est une catégorie de petit navire de guerre, léger et rapide, qui apparaît en France à la fin du XVIIe siècle. C’est aussi un plan Herbulot, apparu à partir de 1957 et écoulé à un peu plus de 400 exemplaires. Trois chantiers (Matonnat, Mallard et Naviking) ont assuré sa production. Pacifique à souhait, dépourvu de toute fin militaire, on ne peut pas le manquer dans un port. Sa silhouette détonne avec son roof rectangulaire, sorti de nulle part, d’une hauteur peu commune et qui abrite deux hublots. Avec ce voilier transportable, c’est d’ailleurs un leitmotiv : tout pour l’espace, rien pour les performances. Finie, la fougue du Corsaire. Attention, enfin. Les occasions de plus de trente ans nécessiteront sans doute de nombreuses améliorations. Gare aux travaux.
Daïmio
On peut le trouver sous les noms de Daïmio 24 ou Daïmio 23. « Daïmio » est un titre de chef militaire dans l’empire de Kaminoda au Japon. C’est aussi un poème de José-Maria de Heredia. C’est enfin l’un des grands succès des Constructions Nautiques du Sud-ouest. Cette vedette des années 70 a surtout rencontré des adeptes dans le Sud de la France. Son esthétique est très marqué, les nostalgiques apprécieront ! La ligne des hiloires très design forme une protection efficace du cockpit, un peu petit pour un 7 m. Le reste est charmant. La cabine possède deux rangées de hublots latéraux et un espace intéressant. La couchette du triangle est arrondie au bout pour jouer les banquettes avec le carré et accueillir vos convives comme il se doit autour du repas. Vieux samouraï un peu bougon et rustre, il faut attendre que le vent se lève pour voir le bateau fendre les eaux comme la lame du guerrier. Il possède malgré tout un bon comportement marin.
Aloa 23
Lors du changement de statuts de Seb Marine en Aloa Marine, le Prim’Vent devient l’Aloa 21, et la version croisière devient l’Aloa 23. La différence entre le 21 et le 23 est de 60 cm sur l’arrière. L’Aloa 23 reçoit un gouvernail suspendu et un tableau inversé ainsi que 80 kg en plus pour le lest. » La revue Bateaux résume bien la situation. Pour un programme de vie à bord, vous l’aurez compris, on choisira le numéro 23. Voilier du Sud de la France, on prévoira une capote sous des climats humides. Un WC marin se loge dans la pointe avant. La cuisine est cachée sous la descente. L’absence de hublot à l’avant du roof rend le carré un peu obscur. Excellent bateau sous-toilé et pas très échantillonné mais très marin, l’Aloa 23 constituera un premier choix idéal pour un navigateur en solitaire. Pendant le transport, la coque s’enfonce beaucoup mais elle retrouve rapidement sa forme initiale. Commercialisé 15000 francs en 1975 sans moteur, le voilier en vaut aujourd’hui entre 2000 et 4000 euros sur le marché de l’occasion. Raide, léger et solide, l’unité peut nécessiter quelques travaux. On vérifiera surtout l’état du gréement et les points de rouille au niveau des cadènes.
Kelt 707
Rien à voir avec le Boeing du même nom, ce Kelt ravira petits et grands pour des croisières en famille dans la joie et la bonne humeur. Le bateau est un petit quillard de croisière de 7 m de longueur, marin et polyvalent. Il a été dessiné par Philippe Briand et produit par le chantier Kelt Marine au début des années 80. La société mise gros à cette époque, elle rencontre des difficultés financières qu’elle ne résorbera pas. Elle sera rachetée quatre ans plus tard par les chantiers Kirié. Très accessible sur le marché de l’occasion, le Kelt 707 un très bon voilier, idéal pour les sorties en zones côtières escarpées ou pour les îles. Un peu lourd pour le remorquage, il compense par de réelles qualités nautiques. A la version d’origine (quille pivotante avec fausse quille pour protéger la coque à l’échouage) s’est ajouté un modèle à quille profonde fixe. Confortable, la cabine possède une cuisine complète et une grande table à cartes, le cockpit de vastes banquettes anatomiques. Le volume intérieur ne manque pas, grâce à l’adoption d’une teugue et à l’absence de cloisonnements. A noter, le système astucieux de béquilles télescopiques qu’on regardera bien de près avant tout achat. Très pratique, le système vieillit mal et les tubes, parfois pliées, sont devenus inutilisables sur certaines unités.
Tonic 23
Modeste réalisation du père du Muscadet, dans la foulée du Fantasia, à la lisière des 7 mètres, le Tonic 23 de Jeanneau offre des volumes et des capacités de bateaux de la catégorie supérieure. Bon marcheur, doté de grands volumes, c’est un voilier aux performances honnêtes, surtout pour la version quillard. Clair, moderne, avec un hors-bord en puits, il est adapté à la croisière pour un couple avec enfants. Sa carène un peu engoncée n’a pas défrayé la chronique ni attirer les foules à sa sortie. Et pourtant. Le choix du Tonic 23 par les Glénans pour équiper leurs flottilles en fait une référence. Attention : il vaut mieux renforcer les cadènes de haubans lorsque ce n’est pas déjà fait. La cabine du Tonic 23 fait bien plus que ses 6,90 mètres. D’abord parce que la hauteur sous barrots dans la descente est importante (1,77 m). Ensuite parce qu’on y trouve tout : 6 places dans le grand carré, une vraie table à cartes, une cuisine équipée de nombreux rangements pratiques, une salle d’eau indépendante, une grande penderie, une cabine arrière double et un grand coffre pour les voiles. Rappelons en conclusion que son architecte, Philippe Harlé, n’a jamais conçu de mauvais bateaux, et que ce « petit » là est de toute évidence taillé pour affronter n’importe quelle mer. On note aussi qu’il se manœuvre très aisément en solitaire.
Etap 23-23 i
Apparu en 1982 dans les ateliers du chantier belge, rajeuni en 1993 (Etap 23i) puis modifié en profondeur à l’aube de l’année 95 (Etap 23il), le voilier a traversé trois décennies sans jamais se départir de sa notoriété auprès du public. Sa fabrication s’est arrêtée à la veille du passage à l’an 2000 avec 800 exemplaires produits. Le voilier bénéficie d’une construction et d’une finition soignée. On surveillera le mécanisme de la dérive, les éventuelles infiltrations d’eau et l’attache des cadènes (les soudures peuvent être rouillées). Costaud, insubmersible comme ses frères et sœurs, il passe très bien en mer et mouille peu, même si une capote se révèle un accessoire appréciable. Atteignant la vitesse de 6 à 7 nœuds sous spi asymétrique, l’Etap 23 est un dur « tendre ». Impeccable dans le gros temps, certains regretteront néanmoins l’absence d’un troisième ris. Plusieurs astuces à noter : coffres externes étanches, manœuvres revenant au cockpit, table de cockpit faisant office de table de carré (rangée sous la descente), table à carte avec rangement, cabine double. La vie à deux est tout à fait possible pour plusieurs semaines de croisière. Même si l’évier se révèle petit, la réserve d’eau est suffisante.
Calife
Derrière ce vieux prince des mers né au royaume des plans Harlé se cache le Jouët 23ème du nom. Au premier coup d’œil, la ressemblance avec le Shériff est évidente. Il n’en a pourtant ni la taille, ni le programme. Encore moins la notoriété. Doté d’une carène moderne, ce petit croiseur, écoulé à 350 exemplaires, bénéficie de volumes intéressants et d’une bonne hauteur sous barrot. Il est parfait pour la croisière familiale et côtière d’une famille avec deux enfants. En navigation, ses performances sont intéressantes. Comme souvent chez Harlé, le bateau aime le petit temps. Sa rondeur se trouve au-dessus de la ligne de flottaison et le tout décolle dès que les voiles se remplissent. Raide à la toile, il est confortable et agréable à barrer. Si les premières unités ont bénéficié d’une finition spartiate, les suivantes se portent mieux. En cabine, le Calife a un carré symétrique avec deux couchettes, une pointe réservée au couchage, une cuisine avec réchaud à tribord et évier à bâbord. La simplicité condensée dans 6,84 m. N’est pas qui veut « calife à la place du Calife ».
Gib’Sea 68
« La carène du Gib’Sea 68 montre une bonne adaptation à la petite croisière rapide. Le rapport déplacement-longueur révèle un dessin léger. Les formes avant sont fines, l’arrière plat, mais sans excès. » Extraites de l’essai paru dans Voile et Voiliers en 1982, ces quelques lignes résument bien l’idée sortie de la tête de Jacques Fauroux, l’architecte, quand il a voulu créé le Gib’Sea 68. Le pavillon relevable permet de disposer d’une hauteur intérieure de 1.85 m. Air et lumière à profusion change la vie à l’escale. En mer sous une pluie battante, l’étanchéité est parfaite. En cabine, la table à manger se relève en table à carte. Le bloc cuisine est caché au pied de la descente sur bâbord. On évitera de charger les spacieux coffres arrière pour conserver de la vitesse et du cap. Pavillon et dérive relevables, des rangements partout. Voilà tout le confort pour la croisière. En navigation, le voilier est aussi doux au portant qu’au près. La barre est souple et réagit bien. Vivant par petit temps, il peut aussi se montrer fougueux dans la brise. Un capot de pont digne de ce nom, un bel ensemble de manœuvres renvoyées au cockpit, un pavillon discrètement intégré au dessin. Malgré des passavants un peu justes, le design reste fonctionnel.