Jouët 680
1978. Jean Berret crée le Jouët 680 pour Yachting-France. Imaginez un vrai voilier de croisière raide à la toile, arnusant, performant. Doté en plus d’une stabilité initiale exceptionnelle qui n’a d’égale que sa stabilité de route. Une longueur de coque de 6,55 m et un très grand volume intérieur abritent quatre grandes couchettes, une vraie cuisine et des WC. La révolution, c’est surtout que le Jouët 680 est le premier dériveur lesté destiné à la croisière qui fait l’économie d’un lest extérieur (le sien est intérieur). C’est un frein en moins sous la coque du bateau. Comme pour les dériveurs purs. Un argument d’instabilité diront certains. Et bien non ! Jean Berret a compensé sur la largeur du bateau. Résultat : le bateau assure et ça rassure. Le plan de pont est simple et fonctionnel. Le roof bombé et plongeant se prolonge devant le mat mais laisse la place à une plage avant dégagé. La cabine est scindé en deux avec le puits de dérive central masqué sous la table du carré qui n’autorise le passage vers l’avant que du côté tribord, le couloir bâbord butant sur la cuisine. Le bilan est bon. Le Jouët 680 dont on recense plus de 400 unités le long des côtes françaises, a la cote sur le marché de l’occasion.
Sylphe
Premier bateau aux emménagements contre-moulés, le Sylphe a marqué une date dans l’histoire de la plaisance. Vif, stable et raide, c’est une bonne unité où rien ne manque pour la croisière à trois. Son cockpit est un peu juste. Les unités anciennes souffrent parfois d’un délaminage du pont et de problèmes d’étanchéité autour des hublots. Son créateur n’est autre que Michel Dufour, architecte naval, et fondateur du chantier renommé plus tard Dufour Yachts. Dans la mythologie celte, les Sylphes étaient des créatures mi-hommes, mi-anges qui passaient leur temps entre ciel et terre. C’est sur mer que le Sylphe, le voilier, fait son apparition en 1964. Conçu intelligemment, le gréement est toujours très présent dans de nombreux ports. Plus de 400 unités sont sortis des ateliers. Le bateau se distingue par son interminable roof. La cabine est claire grâce aux quatre hublots. Les couchettes sont sur les côtés.
Gib’Sea 234
Sorti du bureau d’architecte rochelais Bernard Nivelt en 1993, le Gib’Sea 234 n’est pas seulement une pâle copie d’un First, comme le décrivent à tort certains marins. Le bateau de Gibert Marine possède une âme. Il est confortable à l’intérieur (grâce à sa hauteur sous barrots) comme à l’extérieur. Le cockpit est en forme de carré. On s’y sent bien, comme dans un cocon. Trois hublots prennent place de chaque côté de la cabine et à l’avant. Le bulbe se prolonge le long du pont jusqu’à la plage avant, signe que l’équipage ne sera pas plié en quatre en cabine. Vendu à seulement 73 exemplaires en cinq années de production, le 234 a peut-être payé son programme entièrement dédié à la croisière. De fait, en navigation, le voilier est en partie handicapé par une carène massive, notamment sur l’avant du bateau. Ce dériveur intégral n’en pas moins un excellent choix pour qui veut voyager en tout sécurité.
Saxo 22 et 226
Citroën n’a pas le monopole de la marque « Saxo ». Avant d’être une voiture, le Saxo 226, est un voilier né sous la plume de Jean-Pierre Villenave, construit par Feeling et repris par le célèbre architecte Kirié. Il se distingue par son double roof en plexi transparent fumé. A l’arrière, pas de cloison pour fermer le cockpit. Mais à la place, un tableau ouvert avec trois barres et une échelle de bain. L’espace dégagé permet l’installation d’une table amovible, fort agréable pour un déjeuner au soleil. Des rayons, vous pourrez en prendre aussi sur la plage avant : elle est spacieuse à souhait ! On apprécie l’antidérapant. Les déplacements, eux, se font en toute sécurité. Pour le reste, l’intérieur reste confortable, pratique, aéré et lumineux. L’aménagement est classique mais efficace. Seul bémol : la hauteur sous barreau (1,39 m). En navigation, c’est un voilier rapide est puissant. Peu gîtard, sa coque à bouchains (un seul angle) lui permet d’encaisser les faibles surventes.
Mousquetaire
Le Mousquetaire est un dériveur lesté en contreplaqué à bouchains vifs de 6,48 m de long. Ce voilier gréé en sloop, construit en série à partir de 1963 pour le Centre Nautique des Glénans sur des plans de Jean-Jacques Herbulot, est équipé de 5 couchettes et d’un coin cuisine avec réchaud. Il s’inscrit dans la continuité du Corsaire du même architecte. A partir de 1974, une nouvelle série a vu le jour avec le Mousquetaire Club. Celui-ci n’a pas de roof et offre un volume habitable plus important que son aîné. Les carènes des deux types de Mousquetaire sont peu différentes. La silhouette du Mousquetaire Club rappelle celle du Muscadet dessiné par Philippe Harlé, mais ces deux bateaux présentent de grandes différences notamment en ce qui concerne la carène et le plan de voilure. En cabine, un coin WC et une couchette figurent dans le poste avant. Sur tribord, deux couchettes se suivent. A bâbord, on trouve la quatrième couchette et le coin cuisine. En navigation, la barre ne répond pas toujours avec précision, mais le bateau est stable et remonte très bien au près. Le roof arrondi non coulissant se distingue. Les hiloires sont symboliques voire gênants au rappel.
Jouët 22 – Elor 65
Signé Paul Elvström, le plus grand régatier de tous les temps (le Danois a raflé 4 médailles d’or au JO, 19 médailles au championnat du monde dont 15 en or), l’Elor 65 est facilement reconnaissable par sa pointe avant triangulaire, fine comme un bec d’oiseau. Lancé en 1974, le bateau s’est vendu à plus de 300 exemplaires. Comme l’Eclair, l’Elor s’appelle Jouët après l’arrivée de Yachting France au capital des chantiers Morin. Sa silhouette n’est pas sans rappeler l’Aphrodite 101. Très nordique et marin, le voilier est sûr, simple à la manœuvre, efficace au près. Les intérieurs sont spacieux avec des rangements astucieux. La couchette cercueil bâbord se prolonge jusque sous le coffre arrière du cockpit. La cuisine est rangée sous la descente. Gare aux chutes sur le pont compte-tenu de l’étroitesse de la plage avant. Le roof coulissant accueille de chaque côté un winch. L’Elor 65 n’est pas le plus rapide en navigation et sa tenue de route laisse parfois à désirer. Mais il est habitable et de conception « moderne ». A la barre, son cap est intéressant, surtout lorsqu’il faut évoluer contre les vents dominants. A noter, son tirant d’eau assez important et son lest qui interdisent le béquillage et les excursions en eaux peu profondes.
Golif
Louis Adhémar Timothée Le Golif, alias Borgnefesse, détrousseur de galions et trousseur de cotillons. C’est à lui que le voilier doit son nom. Bateau mythique des années 60, le Golif n’est pas que transportable. Il a aussi une âme d’aventurier. C’est ainsi qu’en 1964, Jean Lacombe a couru la Transat en Solitaire (Ostar) à bord d’un Golif ! Le plan Cornu fut également l’une des premières grandes séries en polyester. Construit à partir de 1962 par le chantier Jouët de Sartrouville, il compte aujourd’hui 1200 unités dans le monde. Sous une allure dégingandée et un âge respectable, ce bateau est un original. Le roof, le mât et la plage avant forment un tout en escalier pas banal. Le hublot « pare-brise » en pied de mât à l’avant de la cabine se distingue également. Autre innovation : le dessin des hiloires de cockpit, très enveloppantes puisqu’elles montent à hauteur d’épaule. En cabine, on trouve au hasard quatre couchettes, un rangement au pied des couchettes arrière, un réchaud suspendu, monté sur cadre coulissant et un volume pour la glacière. En navigation, le bateau est sensible à la répartition des poids mais la coque passe bien dans l’eau et le pont reste sec longtemps. Grâce à son lest de 480 kilos, le bateau est plus puissant et raide à la toile que la moyenne.
Bélouga
Tour à tour cétacé, esturgeon, caviar ou avion cargo chez Airbus, le Bélouga est avant tout un voilier dériveur en bois puis polyester, à gréement houari ou marconi, créé en 1943 par Eugène Cornu et Jacques Lebrun, du Cercle de la Voile de Paris. Rapide, spacieux et transportable, le Bélouga est un sloop à corne rapide suffisamment habitable pour des sportifs désirant acquérir le goût de la croisière en effectuant en rivière ou en mer des sorties de port à port. Avec plus d’un millier d’unités fabriquées, son succès est incontestable. A partir de 1972, ce voilier subit quelques modifications et est équipé d’une quille rétractable lestée à la place de la dérive. Le « Bélouga QR 6,60 » était né. En cabine, les 2 couchettes se trouvent sur bâbord séparés par le coin cuisine. En face, dans le carré, le puits de dérive vient s’encastrer dans des meubles de rangement. Sur le pont, le roof très avancé offre de grands espaces depuis le cockpit. Pour le reste, le Bélouga mérite bien son nom : au loin, sa silhouette rappelle sans ambigüité le dauphin à la longue silhouette fantomatique qui hante les eaux glacées de l’océan Arctique.
Sun Way 21
Denis Conners le vainqueur de la Coupe de l’America en 1988 lance la Family Cup sur un Sun Way 21, tout juste élu bateau de l’année 1989. Nous sommes sur le lac de la forêt d’Orient. Et le vainqueur n’est autre que Marc Pajot ! Au-delà du coup de pub de Bénéteau, le voilier est une belle réussite. Pratique, esthétique et facile à transporter, surtout pour la version à quille pivotante, son grand cockpit le rend très agréable. La version quille à ailettes a un comportement moins marin. Et l’’absence de baille à mouillage pénalise ce vagabond côtier. Mais pour un programme de day-boat et de courtes croisières, c’est le choix idéal. Insubmersible, la carène est signée par l’architecte yougoslave Japec Jakopin. La jupe dotée d’une petite échelle est une véritable invitation à la baignade. Les coffres sont immenses. A l’intérieur, les quatre couchettes prennent toute la place. Les volumes sont très confortables. Les parois sont recouvertes de tissus velcros lavables. Le public, lassé à la fin des années 80 du confort spartiate des unités de 6 m, trouve avec le Sun Way le plus beau des motifs de réconciliation.
Aloa 21
Lors du changement de statut de Seb Marine en Aloa Marine, le Prim’Vent devient l’Aloa 21. L’Aloa, c’est le nom d’un papillon des tropiques. A l’image des lépidoptères, le plan L’Hermenier (Charleston), sorti de son cocon en 1969, a connu un certain succès. 400 exemplaires fabriqués. Et surtout une silhouette bien à part. Le roof est haut, il est porté sur l’arrière, ce qui laisse place à une vaste plage doté d’un hublot horizontal à l’avant et à un petit cockpit à l’arrière. Effilée, la carène fend les eaux comme le papillon fend les airs, mais elle a besoin de vent pour faire preuve de vélocité. Plus petit que la version croisière (Aloa 23 ou Prim’Vent Sport) de 60 cm, l’Aloa 21 est très agréable à barrer, ne gîte pas trop, à condition de ne pas mettre trop de poids à l’arrière du bateau. Les moins : peu d’espace de rangements, des hiloires trop étroits, les toilettes dans la pointe avant (pas facile d’accès). La cabine contient quatre couchettes. Mais on préférera l’Aloa 23 pour un programme croisière.